mercredi 26 octobre 2016

261016


quand nous serons limpides que serons nous ?
clairs & éclaircis
nous aurons une rivière qui dévalera de nos ventres
transparente
& sur nos peaux des cailloux brilleront
non-nous sera frappé par ces couleurs que seule une eau
glaciale peut révéler eau glaciaire & pré-céleste
eau qui brûle tout balbutiement de désir
nos chairs grésilleront de petites bêtes aquatiques dont les vies ne sont
que tortillements & argenteries algues mousses scarabées-bijoux Hoplia coerulea
non-nous émerveillé !
nos ventres s’enfonceront dans leur lit sous le poids des lourdes marches géologiques
ou s’immobiliseront dans l’instant – légers – morts
par pleine conscience de l’ombre universelle du saule
quand elle caresse l’évanescence du fluide & du présent
puis désanimés nous rejoindrons ophélie
blanche si blanche avec nous clairs éclaircis
& très silencieux nous nous éloignerons de toutes nos traces vides


lundi 24 octobre 2016

241016


l’étendue s’étire jusqu’aux flancs des terriens.
l’horizon est piégé ici dans les parcs à huîtres
& les coquilles blessent nos pieds.
on croit le nord au sud & l’Amérique :

c’est un-deux-trois soleil sans Eurydice ni Orphée.
on doit rester groupés on doit parler sur le même fil
& vivre dans les mêmes ardeurs.
au fond sans être toi je te comprends :

laisser là tout & chanter pour les transparences
blottir son temps dans les nuées.
l’univers sécrète ses fous comme la nacre ses perles fines.
elles sont parfois vêtues trop court

& ne savent pas d’avance leur chemin.
la marée rejette leurs bouches blanches -
il suffit de tomber d’accorder contre elles son oreille
pour connaître la voix des libres fantômes de mer.

mercredi 19 octobre 2016

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nous sommes nos histoires de chair
inventées
nos histoires imaginaires
nous sommes la tension des muscles & des espoirs
vers ailleursdemain
sur le faisceau roide des forces
des oiseaux perchés prennent parfois leur essor
puis s’envolent parfois – parfois encore
nous sommes les monstres que l’on pourchasse &
le chasseur aussi noir que sa proie
nous sommes la langue qui chante &
le chant qui parle
le son converti en cri
nous sommes 3 portant en chacun un monde multiplié
nous sommes le bouquet ouvert offert
& le risque certain des blessures -
nous marchons visons devant les grands espaces
poches retournées dans la fragilité des temps qui connaissent leurs fins
yeux sans yeux
bouche naissante
nous & nous


jeudi 13 octobre 2016

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blanc toujours blanc
l’aube blanche redit la poitrine
sous la fureur            /            le poids des neiges
sur les plumes           /            de l’eau coule                :                    des mots
gouttes rejoignent le lac rejoignent les vapeurs rejoignent
& pluie & lac & remous ancestraux &
le voyageur bascule                       quelque part
cri sang geste douleur
plume
ou s’interrompt –                blanc –                                                     j’aime
l’armée des faits de vies inextricables  :
plus tôt le corbeau – noir très noir
derrière la dentelle de l’arbre
automne gris sans pieds mais                             tout chute blanc dans mon œil
aussi blanc
que le silence des pas imaginaires qui règlent nos destins 
 

lundi 10 octobre 2016

101016

 
accrochée au battant de la cloche
dans ce lieu où il n’y a plus de rêve
ou bien un rêve mû en absolu réel

pratiquant dedans la face informe
mouvante des horizons sans foi
avec cette eau impure qui mouille le regard

& colportée par l’incompréhension d’une rumeur d’automne
c’est à dire un genre de vanité rousse
clong clong entrepreneuse de tempes

à rebours. perdue comme toujours.
affolée par le bruit qui racle
le balancement amoureux des chairs –

c’est la vie ! les chemins d’habitude
désarment le destin & le parcours
transparent dans tes yeux délivre une nudité

qui consume nos fers. la poussière
intime dérangée sous le tapis des os
s’envole vers la bouche de monstres fragiles


vendredi 7 octobre 2016

071016


le jour contient la nuit & la nuit contient le jour
nous le savions. le savions-nous avec un présent plus puissant que ses suites ?
& croire a un coût.
tu ne me lis plus. me lis-tu encore ?
sur la grève une peau se jette & se rejette au rythme des marées.
on vieillit. on perd la mémoire avec la clé qui n’ouvre aucun paradoxe.
finalement on perd le corps des passions. le perd-on ce corps ? connaît-il un temps dans lequel se perdre ?
l’abandon creuse au cœur des cœurs son assise bourgeoise
le combat se meurt.
là où je choisis de mon rendre le choix n’existe pas : poursuivre par les mots malgré la poitrine écrasée du monde. de loin convoyer les étoiles. t’écouter dire en espérant qu’aucun masque ne se froisse sur tes lèvres. t’aimer bien sûr en laissant filer un baiser d’écume dans le grand livre des saisons. 
 

jeudi 6 octobre 2016

061006


ils ont rempli leurs cales de provisions vivantes & mortes.
& sont partis – guerre – conquête – dieux.
d’autres sont partis nus avec leurs enfants nus poussés par la saison des monstres
& puis les fous : partis sans partir vivants sans vivre
compris seulement de la part transparente qui ne s’abreuve d’aucune réponse.

le voyage est long ou court. certains meurent. tous à la fin
touchent l’idée fixe & horizontale : terre terre.

même ceux qui se noient : les nus avec leurs enfants nus
la bouche pleine d’eau les yeux pleins de pays où pousseraient
des fruits & des maisons tranquilles.

l’univers tout entier fait la guerre au départ. farouchement
l’ordre se conserve : l’ordre craint se rapetisse se concentre
boum implose se repaît de lui-même en arrachant les membres
déjà arrachés festoie des apprentis errants

dans le corps emmêlé des Hommes
sans parler d’espoir parle le chemin : il emballe le doute
avec le chant du voyage qu’on finira bien par trouver au cœur commun.



lundi 3 octobre 2016

031006


le corps toujours le même corps
uncorps semblable à son image
que nous de force absorbons
désossé de faiblesses
rehaussé de commerce
toujours le même & son image
s’effondre dans les univers splendides
des passions & quoi uncorps vieux
toujours avide toujours tremblant
dans ses écroulements sableux
uncorps humain sans le début d’un marbre
toi corps contre moi corps
& pas d’image pas d’idéaux
dans la chaleur & ton œil bleu
qui se place au centre des mondes
incertains