dimanche 12 novembre 2017

131117


je suis dans le réel à côté du réel
& tout en moi infuse de fuite.
contre & amour
mon corps se dérobe
& se dresse dans la plaine où
les bêtes parlent
de leurs paroles bâtissent des illusions de palais.
moi je crie sans que personne ne bronche.
il suffit pourtant de tendre l'oreille longue douce
des premières époques. il suffit pourtant sans cligner
de regarder les plaies & d'observer sans les bousculer
les déraisons humaines pour le ravir ce cri &
entendre en lui le fleurissement de chaque monde terminal


lundi 6 novembre 2017

lundi 30 octobre 2017

301017


il y a quelques mois ma mère est morte.
elle est désormais prétexte à paroles. son cadavre
je ne le recouvre pas de fleurs mais de mots
quelquefois.
elle était âgée & me laisse vieille – étonnamment.
en janvier : conséquence de conséquence de conséquence
un coup de froid a basculé son temps de l'autre côté de quoi –
je ne sais pas. l'univers est vaste. elle a fini comme elle a vécu
comme chacun : minuscule. je suppose qu'une place minuscule
se trouve pour l'autre côté de quoi – je ne sais pas
dans le vaste univers.
un après-midi ma mère est morte. juste après je suis arrivée :
je l'ai vue : creuse & muette. je l'ai embrassée. sa peau était chaude
pleine de fièvre. vie signant la fin des vies. la chaleur l'a quittée
en un retour de larmes. très vite. elle était sans fièvre
& froide
& absente
j'ai laissé glisser l'ancienne peau du serpent
sur les carreaux propres de l'endroit me suis trouvée
perdue incapable d'acte de recherche mais cette chaleur – je me suis dit –
cette chaleur où s'en est-elle allée ?
ces mots sont de novembre & de presque hiver. le froid du sud
n'est pas encore tout à fait froid & le cœur s'ouvre en grandes
saisons de tempêtes. le poème ne connaît pas le bonheur & rien ici n'est limpide
mais je couvre mes morts de mots le chemin se poursuit
la rose quelque part refleurit la pierre.



samedi 28 octobre 2017

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je n'ai pas les mots.
les clés tombent au fond de ma poche & s'y enfouissent
petites bêtes vives –
dont les yeux sèment à l'instar des nuits
en leurs pupilles de sombres arches.
à la source des déluges mes lèvres recueillent l'eau
première. ma voix s'éteint : trop froid  dit la terre
trop chaud – dit le ciel.
au fond de ma poche s'accumulent des cris purs.
ils éteignent l'artifice des syntaxes
& prolongent les vies en dénouant
la boucle serrée du serpent. 

vendredi 27 octobre 2017

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nos familles sont mortes
& nous vivons-nous encore
dans le carré des herbes
folles. sous le ciel éternel des
fils glacés s'assoupissent en eau
dans la nuit s'affroidissent
à l'infidélité des aubes s'embrasent &
fleurissent de lait
au cœur d'autres pétales.
ce n'est pas la guerre.
quelquefois nos langues
rencontrent la même étoile.
mais nous jetons-nous
les bâtons loin des courses assises
& nous voguons-nous ailleurs
décrochés étourdis de vertiges
titubants au milieu de marais
qui croupissent dans l'attente du cri.

mercredi 25 octobre 2017

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ici c'est chez moi aussi
cet univers c'est chez moi aussi
ce temps c'est chez moi aussi
ce siècle c'est chez moi aussi
ce pays c'est chez moi aussi
cette ville c'est chez moi aussi
cette maison c'est chez moi aussi
cette chambre c'est chez moi aussi
ce lit c'est chez moi aussi
ce sang c'est chez moi aussi
cette douleur c'est chez moi aussi
cet amour c'est chez moi aussi
ce mur c'est chez moi aussi
ce mot qui traverse le mur c'est chez moi

aussi 

vendredi 13 janvier 2017

130117



certains sont faits pour crier
leurs os sont cris
leurs muscles sont cris
têtes aussi & ils ne peuvent marcher
silencieusement
dans le cocon des mondes ou dans leur fureur
leurs gorges éclatent
ils chuchotent : le cri crève plus loin
la surface tendue des joliesses
ils chuchotent : les autres tremblent
désaxés le cri tenu les transperce
ils chuchotent : la bête parle & l’horizon s’inverse
terre en bas ciel en haut tout se suspend
enfin ils crient comme ils inspirent comme ils expirent
comme ils aiment
l’artère gonflée de leur cou est un fleuve
en cru qui charrie des nuées de corps
chercheurs d’océan

est-ce que quelque chose me déborde ?
c’est la forme du cri
& me prends & projette l’imparfait dans le cercle des forces –
c’est le fond du cri


lundi 2 janvier 2017

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les temps sont durs

les images crient fort & l’herbe se glace

deux blocs s’aiment désormais d’un faux amour

nous – buvons plus encore plus dans la nuit des surfaces

l’eau noire du Léthé.

la main d’ici ne connaît plus la main d’ailleurs

sinon en la serrant jusqu’à l’os &

en l’embrassant d’un gloria de poussière.

demain est toujours là mais de nous il ne sait rien.

il a pour seul oracle une pythie désœuvrée pendue

derrière le verre des nouveaux cieux.



alors monamour on s’accroche aux détails :

ta chaleur ton sourire le poème des pins dans le vent d’hier

qui inclinait le froid & que nous –

pieds dans la terre des massacres –

chairs mêlées de doutes & de douleurs –

de vie

nous reprenons.