vendredi 13 janvier 2017

130117



certains sont faits pour crier
leurs os sont cris
leurs muscles sont cris
têtes aussi & ils ne peuvent marcher
silencieusement
dans le cocon des mondes ou dans leur fureur
leurs gorges éclatent
ils chuchotent : le cri crève plus loin
la surface tendue des joliesses
ils chuchotent : les autres tremblent
désaxés le cri tenu les transperce
ils chuchotent : la bête parle & l’horizon s’inverse
terre en bas ciel en haut tout se suspend
enfin ils crient comme ils inspirent comme ils expirent
comme ils aiment
l’artère gonflée de leur cou est un fleuve
en cru qui charrie des nuées de corps
chercheurs d’océan

est-ce que quelque chose me déborde ?
c’est la forme du cri
& me prends & projette l’imparfait dans le cercle des forces –
c’est le fond du cri


lundi 2 janvier 2017

020117


les temps sont durs

les images crient fort & l’herbe se glace

deux blocs s’aiment désormais d’un faux amour

nous – buvons plus encore plus dans la nuit des surfaces

l’eau noire du Léthé.

la main d’ici ne connaît plus la main d’ailleurs

sinon en la serrant jusqu’à l’os &

en l’embrassant d’un gloria de poussière.

demain est toujours là mais de nous il ne sait rien.

il a pour seul oracle une pythie désœuvrée pendue

derrière le verre des nouveaux cieux.



alors monamour on s’accroche aux détails :

ta chaleur ton sourire le poème des pins dans le vent d’hier

qui inclinait le froid & que nous –

pieds dans la terre des massacres –

chairs mêlées de doutes & de douleurs –

de vie

nous reprenons.