mercredi 17 février 2021

17 février 2021

 

depuis si loin

mon subterfuge fut le vertige

qui prenait tout – détachant

- démembrant – la cité qui souhaitait prendre

chair ici

la farouche étrangère – la non libre

l’exiguë porteuse d’un désir très grand

hier à portée de printemps

plongée dans l’origine & les primevères

cœur battant mat

sur le chemin il faut garder les fleurs à hauteur

d’enfant dit une joie discrète

que j’embrassai d’un pas


mercredi 10 février 2021

09-02-2019

 

depuis ici

je vois dans l’entrebâillement des volets

le ciel mauve & gris

devant le ciel un mimosa voisin avec ses grappes jaunes

tenues par des poignets de jeunes feuilles & puis d’ici encore l’écorce noire nuancée de nappes sensibles de lichen

tout ça dans un balancement irrégulier de branches de bois de ramifications vives ou sèches de brins qui se touchent & ne se touchent plus

il y a des rafales

les volets sont blancs

mes yeux alternent vide & plein

la chambre est noyée dans la lumière pâle des bordures du soir

couvre-feu dit-on ici l’ombre pousse jusque dedans le mot qui ne sait plus

pourquoi il dit & si son cri rassemble encore quelque part un troupeau

bienveillant de dieux domestiques



samedi 23 janvier 2021

21/01/2021

 

petit parc du vieux poète - boulodrome & haute assemblée de bambous

dans la tempête : une volée d'enfants maladroits & bruyants qui claque ses bois & ses tôles.

la route borde le sauvage. le ruisseau traverse la route. les rafales ont désaxé l’œil. de la beauté secrète,

partout.

l'autre fois le vent si fort a défait ma course : des fouets hurlants, des coulées de feuilles. traversée impossible. demi-tour souffle écrasé par les forces du Sud. un peu plus bas - plus calme -

en descendant en remontant en descendant

on rejoint la ville en passant par le ciel, l'église & l'étroit horizon des morts.



mercredi 13 janvier 2021

13/01/2021

 

des deux mains on

n’a rien signé. le cordon

n’est pas celui de la tristesse ni

de l’accablement. bien tenté.

les jours froids accumulent l’aigre

le vertige épaissit le ciel bas. bien joué.

mais

lavielavielavielavie

colle toujours à la langue douloureuse

ça claque encore comme un grand quoi.

on voit : un embrasement blanc&noir de pie

la courbe parfaite d’une corne majuscule

& la clôture se défausse.

sous mon pas de vieille

ni le mouvement ni l’horloge

n’ont changé d’un iota.

la lourde demoiselle danse dans les trèfles

ça claque encore comme une première fois


samedi 9 janvier 2021

05/01/21

 

la veille de l’épiphanie

être sur cette terre pour

quoi au fond d’où qu’on soit on dé

rive on dérêve mais d’ailleurs on

n’est pas parce qu’ici c’est l’uni

vers entier qui tient dans le toc

du bec d’un pic contre le tronc


la veille de l’épiphanie

être sur cette terre pour

dire aussi monamour bigbang

de ta vie nouvelle – mêlée

de la nôtre dès demain – la

poussée vive d’une lumière :


c’est tout l’univers qui danse

sur notre axe fleuri tendu

nord-sud au-delà de la flèche

il y a l’étoile qui s’obstine


j


mercredi 6 janvier 2021

03/01/2021

 

flottant
sous nos pieds
autrefois indécise l'évidence d'hiver

nous avons ri d'un turban d'écharpe
qui se fit grand protecteur de pavillons &
de tympans
& nous avons croisé toute une variété d'êtres :
troupeaux en course couronnés de faucons -
eux fixés plein ciel
cycliste turquoise débordant la croupe doublement vivante de la petite jument
neigeuse
sommets sévères assumant sobrement leurs
crêtes de lumières             flaques de nuages

nous marcheurs
simplement
éblouis de froid


samedi 2 janvier 2021

Retour



nous quittons l'année de guerre

il ne neige pas

le ciel est ouvert

hier en suivant la ligne des crêtes nous avons vu un merle blanc

une rareté glissée dans les buissons humides. comme nous en avions ardemment besoin

nous avons décidé que c'était un bon présage

à l'instant même

un rouge-gorge se pose ici sur la branche du frêne

deux gouttes d'eau suspendues dans la courbe du bois

envol

une goutte qui reste 

un duvet flottant dans l'air froid

les combattants font une trêve

dans leur fossé ils sont rêveurs

la belle montagne est proche

par-dessus les blessures 

ils brouillonnent un poème en forme d'amour


-j-