il
y a quelques mois ma mère est morte.
elle
est désormais prétexte à paroles. son cadavre
je
ne le recouvre pas de fleurs mais de mots
quelquefois.
elle
était âgée & me laisse vieille – étonnamment.
en
janvier : conséquence de conséquence de conséquence
un
coup de froid a basculé son temps de l'autre côté de quoi –
je
ne sais pas. l'univers est vaste. elle a fini comme elle a vécu
comme
chacun : minuscule. je suppose qu'une place minuscule
se
trouve pour l'autre côté de quoi – je ne sais pas
dans
le vaste univers.
un
après-midi ma mère est morte. juste après je suis arrivée :
je
l'ai vue : creuse & muette. je l'ai embrassée. sa peau
était chaude
pleine
de fièvre. vie signant la fin des vies. la chaleur l'a quittée
en
un retour de larmes. très vite. elle était sans fièvre
&
froide
&
absente
j'ai
laissé glisser l'ancienne peau du serpent
sur
les carreaux propres de l'endroit me suis trouvée
perdue
incapable d'acte de recherche mais cette chaleur – je me suis dit –
cette
chaleur où s'en est-elle allée ?
ces
mots sont de novembre & de presque hiver. le froid du sud
n'est
pas encore tout à fait froid & le cœur s'ouvre en grandes
saisons
de tempêtes. le poème ne connaît pas le bonheur & rien ici
n'est limpide
mais
je couvre mes morts de mots le chemin se poursuit
la
rose quelque part refleurit la pierre.