jeudi 29 septembre 2016

290916


le vent – encore – ici est un lieu de vent.
finseptembre & la chaleur nous cerne nous terrasse
nous ici sachant l’automne sans y croire – mais les
fougères rousses & les champignons d’après les dernières
pluies & les châtaignes. on peut douter du temps
le temps ne doute jamais de lui-même.
pas un désir fou d’écrire ces jours-ci. le vent.
il pousse le cœur qui écrit. c’est le cœur qui écrit.
la tête est un organe annexe. on me dit que c’est faux.
le danger me regarde – laissez-moi.
tout à l’heure tombant sur un beau texte de George Oppen
un texte vivant adressé à 3 morts, victimes des 3K,
victimes de l’ordure, & le texte, un beau texte d’Oppen
découpé selon les pointillés du monde au moment où
il fut écrit. lynchage & mouvement mastoc des algues
dans la zone de balancement des marées. tortures &
lumières. nous ici eux hurlant eux riant bavant le sang lourd
qui les porte eux horreur&mort eux gras bouffis mâles armés
grimaces eux même pas mensonges. eux.
ici – ça souffle sur la colline. la campagne est calme
on croirait que c’est le seul monde qui soit au monde.
personne chez l’autre mais le vent – il traverse
perce le cœur laisse là
en poste restante ses enfants d’outre-chair.


dimanche 25 septembre 2016

250916


l’aventure,
on l’a laissée dans le sac
des os des peaux des viscères étroites
le refuge est toujours trop loin
le chemin se resserre autour d’un point
dans la poitrine. on respire encore
mais on ne parle plus. tout s’emmêle.
c’est ainsi que je vis : emmêlée avec
un besoin immense de monde &
dans le monde, l’autre & dans l’autre,
toi avec un immense besoin de toi que
la douleur parfois assourdi.
nous, corps & rien d’autre.
nous, assoiffés de corps, affamés
de corps, nous remplis d’obstacles
célestes, mais au fond mais autour
mais dedans, rien d’autre que :
corps&corps encore
imparfaits & rigides
imparfaits & fuyants
endormis de morale
endormis de mères & de pères
endormis & peuplés de petits bêtes
qui rongent les barreaux.
le sang fait l’aventure. il n’y a pas de
refuge.

samedi 24 septembre 2016

240916

 
la nuit l’obscurité plus large que la nuit
le gel qui se répand depuis la pointe du cœur des hommes
/Vladimir le dit mieux/
tout serait ainsi attenant au dérisoire labeur –
des bougies qu’on dépose autour de la fosse pleine
des bougies de cire & de mots des bougies d’êtres
tremblants qui cherchent à l’entour leur lumière :
elle brûle dans le poème peut-être ou ailleurs n’importe où
au seuil de la vallée ouverte des flûtes
où ce matin moi étourdie par tant d’automne
& par ce monde de temps figé
tout entier frappé d’air

lundi 12 septembre 2016

120616


avant
tout était mort
rien ne parlait
si ça parlait c'était pour dire
rien & même le bruit
on n'est pas sûr qu'il était né
avant –
alors
le corps est né & dedans le corps
la parole & dans la parole la chose qui transforme –
autour de la parole il y a eu la puissante magie
& dans la magie se sont installés les noms –
alors
le bruit qui était né aussi – mais on ne sait pas quand
avec la parole ? avec le corps ? avec les choses mortes ?
s'est brisé contre la parole
ou peut-être la parole s'est brisée contre le bruit
& la magie s'est dispersée –
on dit qu'il faudrait une musique très simple
pour que la magie accepte un jour de regagner sa première terre
& que le troupeau des noms soit de nouveau non-gardé

dimanche 11 septembre 2016

110916


par les yeux la métamorphose
par le geste la métamorphose
par la bouche la métamorphose
par l'instant où se froissent les marges inclinées des inverses
par chaque mot
puisque rien n'a la nature du dire
puisque tout se suspend à l'étoile sans jamais confirmer son message
la métamorphose

vendredi 9 septembre 2016

090916


conçue d'un retour & d'une idée déjà perdue
née dans les pierres
arrachée au tendre
avec un œil qui tourne d'univers
en univers sans jamais trouver la source
il faut toute une autre vie pour retendre les peaux
& s'éblouir des ocelles blanches qui bougent entre les ombres
l'automne sera dans cette bouche contre la tienne
il chantera les chutes & poursuivra son plan
comme si personne pour de vrai
n'était qu'un doute parmi les autres 

dimanche 4 septembre 2016

040916


alors 
je me déshabille
– de toutes les manières possibles
de la plus commune à l'autre qu'on n'a pas imaginée :
des milliers de gestes de glissements de chutes
des milliards de crissements & de soupirs
toujours
il y a un être d'origine
– l'étranger
qui parle une langue presque inconnue
je vois l'univers de sa bouche –
je le goûte – il me goûte
des milliers de gestes dans l'espace charnu de ses mots
– la langue presque inconnue
c'est elle qui me dépouille des fers des cuirs des laines des peaux
de la couche d'air étroitement collée au corps des anciennes demeures
des autres temps où l'on se pensait nu
ce qui reste après aussi
hésite
fuit
s'échappe
coule
flaque
ne formerait au fond qu'un présent croyant à quelque chose
encore d'amour 

jeudi 1 septembre 2016

010916


je ne sais pas comment
commencer –
une ombre – il y a une ombre ou bien les nuances d'une ombre –
& les nuances de chaque nuance –
pas assez de mots mais des regards par roulements d'infini
alors on peut –
utiliser le mot regardé d'infini
pour dire les nuances de la nuance &
le miroir dans lequel elles se reflètent toutes –
le miroir est multiple parce qu'il est regardé
parce qu'à l'intérieur du miroir s'impose un labyrinthe –
pas comment
commencer
unique
& perdu dedans le plus banal
du dedans des mondes
à se dire
unique
& l'ombre unique
avec ses nuances
& la double flèche de chaque regard –
dehors
dedans – commencer