le vent – encore – ici
est un lieu de vent.
finseptembre & la
chaleur nous cerne nous terrasse
nous ici sachant l’automne
sans y croire – mais les
fougères rousses & les
champignons d’après les dernières
pluies & les châtaignes.
on peut douter du temps
le temps ne doute jamais de
lui-même.
pas un désir fou d’écrire
ces jours-ci. le vent.
il pousse le cœur qui
écrit. c’est le cœur qui écrit.
la tête est un organe
annexe. on me dit que c’est faux.
le danger me regarde –
laissez-moi.
tout à l’heure tombant
sur un beau texte de George Oppen
un texte vivant adressé à
3 morts, victimes des 3K,
victimes de l’ordure, &
le texte, un beau texte d’Oppen
découpé selon les
pointillés du monde au moment où
il fut écrit. lynchage &
mouvement mastoc des algues
dans la zone de balancement
des marées. tortures &
lumières. nous ici eux
hurlant eux riant bavant le sang lourd
qui les porte eux
horreur&mort eux gras bouffis mâles armés
grimaces eux même pas
mensonges. eux.
ici – ça souffle sur la
colline. la campagne est calme
on croirait que c’est le
seul monde qui soit au monde.
personne chez l’autre mais
le vent – il traverse
perce le cœur laisse là
en poste restante ses
enfants d’outre-chair.