mercredi 30 décembre 2015

301215


dans l'immobile
le mensonge
dans l'immobile
tous les mensonges
en lui on contemple les feuillets amorphes
des vies par exemple
chaque cheveu du jeune garçon – les compter – chaque cheveu est mort
dessous chaque garçon est mort l'éternité se grippe dans la coiffure nette
presque impeccable dans la rue nette non la rue n'est jamais
aussi nette qu'elle le montre bref l'éternité s'éternise
& l'immobile ne connaît jamais de fin
alement le garçon a bougé l'image s'est désobstruée
quand son indifférence a rencontré le regard – là de creuse inerte
elle s'est mise à marcher vers ce qu'on suppose être
je le garçon a souri une mèche scintillant sur son front
& je l'ai embrassé la rue toujours si peu nette nous a tourné
le dos a retrouvé son cadre immobile post-humain
bitume triste à son tour il me sourit dans mes cheveux
le vent du monde & le fracas d'une lumière étrange

mardi 29 décembre 2015

291215


c'est là où le corps s'engage
des terrains d'argile épaisse
des rocs qui s'accumulent dessous
le givre dessous l'enfer encore dessous
des inconnus qui parlent :
il y a des guerres & des soleils
de nombreuses fosses qui signalent
les chemins fréquentés – l'autre fois
un oiseau est sorti de l'ombre
j'ai cru reconnaître une ancienne plaie d'homme
convertie vol aile quoi
que me dis-tu que j'ose si peu comprendre
des tas de chair opinent & savent
mais l'argile est un corps ductile
il épouse & se dessaisit alors
dans le cœur des brumes s'installent &
dit le poète de ma poitrine naissent
des couches de nuages naissent aussi
les grandes eaux & les flaques salées
qui grouillent d'existence naissent les amours
accouplées au mystère naît
toi


lundi 28 décembre 2015

281215


à la surface des éléments légers
figurent le monde – flottent & babillent
ils sont nous-mêmes d'un moment
jusqu'à renverse :
amour horizon choc brutal des couleurs
lieu où la lumière n'épargne aucune beauté
alors flottants – mais plus exactement de la même manière
alors parlants – nous avons vieilli & les terres nous polissent
les mondes se figurent humains
ils débordent de bras tournent leurs rayons
vers des saisons profondes & louent l'espace peuplé des autres
de leurs chambres intimes ils perçoivent
le son précieux des transparents qui tisse
d'or chaque mépris chaque caresse

mercredi 23 décembre 2015

231215


tous les morts ne parlent pas le même langage -
certains chuchotent à notre oreille frottent contre nos peaux
leur haleine projettent des boucles intimes
ils nous bénissent ou sucent de leurs vieilles bouches
nos espérances vives –
d'autres sont plus lointains. ils nous saluent
seulement par d'étranges suites
d'images qui dévorent d'étranges suites d'images
mais le plus étrange est que
quelque part dans l'amas des mondes parallèles
sur la trace improbable des humanités
avec eux nous pleurons –
& puis les ultimes. dedans. enclos. féroces.
grenaillant chaque part de chair. les ultimes ferraillent
puis nous remercient quand juste à cet endroit
le calme entre tes bras se précipite – pour eux
repos.


mardi 22 décembre 2015

221215


ces temps pour l'amour & la mort
si facilement mêlés de langue
ces temps sont lourds
nos corps sont lourds & ne lisent plus que
des signes gouttant des encres nauséabondes .
l'autre fois touchant à nouveau terre
je ne reconnus rien : ni les méchantes eaux sur lesquelles
nous naviguions aveugles ni les bois dont on m'avait dit
qu'ils n'étaient peuplés que de loups ni même
les vieux amants qui – je suppose –
s'en étaient retournés piocher dedans leur tombe.
là :
les amours, faits de pierres & de fleurs, ta bouche
mouillée de matins insatiables
la mort, des vagues infinies caressant nos peaux
sans les effrayer. tout restait à bâtir.
il n 'y avait plus de ruines. nos corps & nos verbes
brillaient. 

dimanche 20 décembre 2015

201215


dans le corps brusque
séparé
toutes les eaux d'un coup s'accroissent
sur leurs surfaces métalliques
flottent les enveloppes gonflées
d'êtres qui furent autrefois des néfastes
mais là dans le lieu
séparé
on se convainc que les lèvres remuent encore
qu'avant de s'effondrer les poitrines jettent
d'immondes imprécations –
& nos îles brillantes où sont-elles ?
ici dans le corps brusque
séparé
elles préparent la couche des jeunes pluies
qui sur la plus perdue des parcelles humaines
de toute leur joie vivante de l'entièreté de leur chant neuf
s'abandonnent


vendredi 18 décembre 2015

181215



c'est un ruisseau pensai-je mais le pré qui
inclinait sa courbe vers l'horizon bas
disait autre chose – des oiseaux ce sont des oiseaux !
aucun chant pourtant ne coulait de leurs gorges – non –
le bruissement des ailes au moment de l'envol
montait jusqu'à l'endroit fragile
ils étaient si nombreux & le murmure du ruisseau
était celui de leur départ argenté – libre pensai-je
même si les mots s'égarent & si libre est celui qui
de tous sait se perdre le mieux


jeudi 17 décembre 2015

171215


aucune tempête contre laquelle
lancer ses haines tout est plat
convenu moulé de ternes opinions
bavardages sans fin
– immédiat avalant goulûment ses foules –
oui
mais les splendeurs complotent entre nos doigts
de force & de tendresse contre ici se pose
armé très puissamment
ne vous y trompez pas d'ailleurs ici
des mots éclosent comme d'audacieuses musiques 

mercredi 16 décembre 2015

161215


reprenons de nuit
le dialogue

effaçons entre nous les images
& laissons parler l'endroit

écoutons chaque mot
qui surgit des champs féroces

en observant sa course
proche ou lointaine

elle coulera suivant le char
illustre & brûlera au jour prochain

selon ce qu'imposeront les actes
& qui n'est pas de cette matière bavarde

imposeront les mains thaumaturges
imposeront les souffles lustraux

selon cela nous étudierons les lacs
l'océan les voiles par-dessus

& par-dessus ceux qui voyagent
sans jamais lasser les étoiles

bien étudiés nous délierons
de nuit le dialogue

pour qu'à ce point
la caresse soit de cette même transparence


mardi 15 décembre 2015

151215


autour de nous des ombres flottent parfois encore
toujours sans doute des ombres organiques
qui retournent leurs soies cuisantes contre
l'instant comblé de nous – les corps n'expliquent
pas vivants les corps s'effondrent dans leur fosse de silence
puis parce qu'ils viennent de si loin & que les étoiles
quelque part sont toujours victorieuses les corps
frémissent l'un frémit pour l'autre
l'autre frémit pour l'un & les ombres s'ajournent
chagrinées par tant de fleurissements & tant de parfums


lundi 14 décembre 2015

141215


pas de truc mort qu'on se répéterait comme une litanie
ciel bas obligé source fade pas
de ceci mais
toncorps o
lui & débâché d'habitude
l'office nocturnal des reliefs des
petites suites humides & des lacs
troublés tellement par nos lumières fluides qu'ils se perdent
d'éveil entre deux trèsproches soupirs


vendredi 11 décembre 2015

111215


parce qu'il n'y a pas de guide
ni de voie à tracer ni de glacier sur lequel
on planterait la commune conquête
mais que tout est blanc
nimbé d'une bienveillance charnelle
parce que l'ordre des raisons s'abandonne aux étoiles
& que ton regard se tend se courbe tout à la fois sur
l'arc vierge du cri
parce que ta bouche (& le prolongement d'elle) répond exactement aux mots
que l'espace fluide du corps a sans le savoir
semé pour affranchir ses propres pièges
parcequeparcequ'
advient le temps des rencontres & des fresques impudiques
qui se dévoileront au monde
dans les eaux turbulentes de nos profonds désirs

mercredi 9 décembre 2015

091215


à ce point :
une chose connue enregistrée
géométrique genre quadrilatère honnête
coins propres blancs secs ou fleuris à plat
quelques m² de surface sage
au point suivant entrent pénètrent détonent disloquent bouleversent
les éléments perturbateurs – étrangement il ne s'agit pas de guerre
ni de révolte –
étrangement même contre chaos il s'agit d'un désordre tendre&profond
inverse de lui-même
rumeursmurmures se métamorphosent
des bêtes courent sur les parois inexistantes – on les comprend
désormais on chante avec elles les saisons –
ici 2 chaque formule est à défaire
ici 2 chaque défaite abandonne son corps sur le nouveau territoire
les cendres célèbrent les ombres anciennes
des éclats libèrent l'initiale – entre deux réveils
cette forme t'aime
autant que cela&cela

lundi 7 décembre 2015

071215


nous allons nous
non conformer nous
de corps & corps glisser
hors des marées cachectiques
direcequeboucheveutdire
& cœur
dans la main droite usant du tirage
soyeux des amours
alors que la main gauche désenestre
les vieilles péroraisons
le reste (circulation des flambeaux des guets
coulée d'alarmes) s'accordera à la forme
déliée des oiseaux des
amants de ceux qui chantent &
non conformément letout
obliquera l'indécente joie vers
ce qui sera un absolu indécent désir

samedi 5 décembre 2015

051215



debout c'est décidé debout on ne décide pas debout au bord
des précipices debout l'aplomb nous pénètre debout tête étourdie
de fragments tic-tac tic-tac au bord en marche titubants & chuteux
deboutdeboutdebout contre les éclats vides des marionnettes vides
& contre un chaos d'humainsd'h.u.m.a.i.n.s.d'humains
debout
parce que
parce que
parce que
debout
le fait tient le mot tient le fait tient la force de
la marche tout au bord & dessus parfois & parfois
dans la syncope de la marche qui marche qui aime
toutes ces fleurs jaillissant d'entre les rocailles
(elles marchent comme on marche dans le temps elles s'étirent)
saxifrages œillets sedums alysses
notre couche en déborde dessus autour dedans ailleurs nous
& marchons & nous en marche sur notre couche

jeudi 3 décembre 2015

041115


sous la masse légère des chairs on devine
des caillots d'ombre
des falaises de sable
bon –
des labyrinthes complexes où le cœur se confond
avec la face rongée des pierres & des issues de nombreuses
issues de soleil ou de nuit que l'autre cœur étrange contient
bon –
― aveugle tu es aveugle brament-ils
― je suis aveugle . dans mes globes évoluent des lumières
peu communes . aveugle dessillée . les êtres habitent derrière
mes paupières de la façon la plus lustrale . du monde je vois
d'abord l'étoile qui palpite dans ta bouche ensuite je vois
le monde . des aubes je vois le signe rouge, brûlant . il consume
le brame des voyants & du désastre qui peaufine sa certitude
derrière chacune de leurs portes .

mercredi 2 décembre 2015

021215


une enveloppe à multiples lèvres dans ses espaces
s'installent des lunes de couleurs & de formes variées
elles parlent – des langues toutes étrangères
pas une dont on saisit un mot –
les formes s'ébranlent à la façon de lourds fardeaux
difficilement un pas puis l'autre la route s'éclaircit
l'allure se presse la marche s'accélère on court
derrière la phrase de la phrase tombe une prière
de la prière jaillit un ciel – entre cela imprécis se tasse
le poème. imprécis incertain peut-être
vertige. entre cela vertige se creuse le poème.
les lèvres multiples sont érotiques elles se parent
d'accents qui délient les peaux. imprécis
incertain & vertige. des lunes naissent & renaissent
entre les lèvres ondulent des suites de chairs harmoniques
& le mot plonge dans le désir & la phrase halète
le ciel se comble d'humeurs acides & boisées
strates&strates : à percer une éternité de couches
une éternité de lèvres les lunes s'amarrent à de
folles nuances les nuits s'exhibent en fleurs dont le nom
demeure un mystère 

mardi 1 décembre 2015

011215


alors
sur la sinuosité de goudron & d'étoile
sans penser à autre chose qu'au corps
qui rallie la route en cette nuit où
l'obscurité abrite l'émail bleu d'un globe
semblable à une douce ivresse
redon rapplique avec son emprise
de couleurs le gel sur l'herbe des vieux
fossés n'arbore plus son scintillement vide
le désir épouse la corde courbe des collines
à l'ouest extrême cummings balance
la silhouette si splendidement désarticulée de ses amours
alors
puisque tout est le corps est que le corps est route &
puisque la route en cet instant est un silence
bienheureux empli de tous ces détails qui feront
plus tard
un poème alors
chut – plus un mot plus un son – la clarté croît
sous l'aile blanche de l'aube & de l'effraie

lundi 30 novembre 2015

301115


oh cette chambre où contre&contre nos
corps s'humectaient de nuit où mala
droits nos actes étaient de l'essence
pure d'un premier amour oh sur ta peau
l'élaboration du territoire vierge
tout à découvrir aveugle & par le toucher
par grande délicatesse fendre la première matière
des peurs écarter les bords tendres du fruit
oh dessous oh le signe oh de cela je ne dirai
rien sauf peut-être trois mots qui sous l'effet
du charme innocent ont retrouvé le chemin
des lumières

mercredi 25 novembre 2015

261115


des choses fragiles
ténues presque transparentes
se heurtent aux vitres -
elles existent, c'est certain
parce qu'il y a le vent & elles
si ténues si fragiles sont frappées par
la moindre brise. alors contre la vitre
transparente elles transparentes ou presque
perdent un instant mémoire de leur forme d'avant :
peut-être depuis toujours sont-elles vitres
ou peut-être sont-elles vent
ou encore sont-elles le léger
grincement que les angles aigus
de leurs corps produisent contre
les existences quand les mondes branlent.
peut-être des illusions les ont-elles prises pour voile
elles si transparentes si fragiles
si sensibles au premier vent.


251115



sur le chêne
4 corbeaux imprécis
4 genre Koson
craquant l'air matinal de leurs mines noires
4 qui projettent un vœu
très secret propre à leurs affaires sauvages
quelque chose d'hiver ou de l'arbre mort peu à peu démembré
là dans l’œil du passant qui tourne avec le sens du monde
forcément là ouvert au monde
l'éclat de la scène quoi ?
l'éclat de la scène qu'ici en mots humains le poème recueille 

lundi 23 novembre 2015

241115


où que je marche on me regarde
quoi ? des yeux qui n'ont de nom qu'
yeux quoi ? des lumières lointaines quoi ?
des passés avec leurs corps lourds & leurs mines
hébétées qui ici ne comprennent pas & là ne comprennent
pas quoi ? d'amples mouvements d'étoiles qui me fixent
sans ciller quoi ? la chaleur nue que tu m'offres alors
que mon pas s'épaississait de gel dans l'hiver naissant

samedi 21 novembre 2015

211115


jamais jamais hors de vue
tout parle & tout signe la présence
si je me cache entre les poutres humides du monde
l'ombre me parle
si je m'exile dans le désert
l'ombre m'efface
si je me tiens exactement immobile bras ballants sexe mort agitée seulement
d'un soubresaut urbain
l'ombre me lèche
si je marche & descends par la route aveugle par la pente incertaine
si grâce aux pierres grises qui parsèment le temps du pas
qui lissent les orgueils & crèvent le spectre des violences
j'approche les entrailles – elles côtoient le mystère –
le cœur pourrait bien se répandre & pleuvoir une bruine claire
pleine poitrine
il pourrait bien au bord de ton sourire
boire au bol des nues éternités

211115


aujourd'hui plein de failles de grincements
comme hier aujourd'hui sauf qu'hier malgré
le monde était heureux aujourd'hui saignant
d'une plaie inconnue piétinant le sol d'une
demeure sale aujourd'hui gris & vulgaire
comme demain sauf que demain sera heureux
parmi les hommes malgré le monde