lundi 30 novembre 2015

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oh cette chambre où contre&contre nos
corps s'humectaient de nuit où mala
droits nos actes étaient de l'essence
pure d'un premier amour oh sur ta peau
l'élaboration du territoire vierge
tout à découvrir aveugle & par le toucher
par grande délicatesse fendre la première matière
des peurs écarter les bords tendres du fruit
oh dessous oh le signe oh de cela je ne dirai
rien sauf peut-être trois mots qui sous l'effet
du charme innocent ont retrouvé le chemin
des lumières

mercredi 25 novembre 2015

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des choses fragiles
ténues presque transparentes
se heurtent aux vitres -
elles existent, c'est certain
parce qu'il y a le vent & elles
si ténues si fragiles sont frappées par
la moindre brise. alors contre la vitre
transparente elles transparentes ou presque
perdent un instant mémoire de leur forme d'avant :
peut-être depuis toujours sont-elles vitres
ou peut-être sont-elles vent
ou encore sont-elles le léger
grincement que les angles aigus
de leurs corps produisent contre
les existences quand les mondes branlent.
peut-être des illusions les ont-elles prises pour voile
elles si transparentes si fragiles
si sensibles au premier vent.


251115



sur le chêne
4 corbeaux imprécis
4 genre Koson
craquant l'air matinal de leurs mines noires
4 qui projettent un vœu
très secret propre à leurs affaires sauvages
quelque chose d'hiver ou de l'arbre mort peu à peu démembré
là dans l’œil du passant qui tourne avec le sens du monde
forcément là ouvert au monde
l'éclat de la scène quoi ?
l'éclat de la scène qu'ici en mots humains le poème recueille 

lundi 23 novembre 2015

241115


où que je marche on me regarde
quoi ? des yeux qui n'ont de nom qu'
yeux quoi ? des lumières lointaines quoi ?
des passés avec leurs corps lourds & leurs mines
hébétées qui ici ne comprennent pas & là ne comprennent
pas quoi ? d'amples mouvements d'étoiles qui me fixent
sans ciller quoi ? la chaleur nue que tu m'offres alors
que mon pas s'épaississait de gel dans l'hiver naissant

samedi 21 novembre 2015

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jamais jamais hors de vue
tout parle & tout signe la présence
si je me cache entre les poutres humides du monde
l'ombre me parle
si je m'exile dans le désert
l'ombre m'efface
si je me tiens exactement immobile bras ballants sexe mort agitée seulement
d'un soubresaut urbain
l'ombre me lèche
si je marche & descends par la route aveugle par la pente incertaine
si grâce aux pierres grises qui parsèment le temps du pas
qui lissent les orgueils & crèvent le spectre des violences
j'approche les entrailles – elles côtoient le mystère –
le cœur pourrait bien se répandre & pleuvoir une bruine claire
pleine poitrine
il pourrait bien au bord de ton sourire
boire au bol des nues éternités

211115


aujourd'hui plein de failles de grincements
comme hier aujourd'hui sauf qu'hier malgré
le monde était heureux aujourd'hui saignant
d'une plaie inconnue piétinant le sol d'une
demeure sale aujourd'hui gris & vulgaire
comme demain sauf que demain sera heureux
parmi les hommes malgré le monde 

mercredi 18 novembre 2015

191115


devant le grand corps des joies
ce n'est pas tout à fait le silence
un bruissement dévoile les peaux
une rumeur lustrale parcourue de
frai & de fuites traversée de questions
à la nuque rompue éblouie de renversements
& de chutes ornées – une multitude –
ornées de chants ou de mots – une multitude –
puis se jouant du monde grand prédicateur de lois un amour
toujours renaissant


mardi 17 novembre 2015

171115


je voudrais bien encore un peu parler d'amour
& ne rien oublier – rien dans les fougères mortes
la toile du chemin qui tisse notre lit & notre bonheur
rien – les mains multipliées qui se troublent en formant
sur la peau un soleil sur la peau une à une franchie
chaque étape du ciel –
rien ne rien oublier en demain qui existe peut-être
en demain qui sera guerre ou son inverse
en demain silencieux engloutit sous la crue
d'une fureur froide – rien ne rien
oublier de la délicatesse qui porte ce temps
contre tous les temps – de la délicatesse qui murmure
je t'aime à l'ombre des ronciers qui murmure sans rien
oublier des combats ni de ceux-là désentraillés qui peuplent
l’extrémité des hommes

samedi 14 novembre 2015

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des cris
l'obscurité
des cris au lieu d'étoiles
l'obscurité & le fracas & le silence
& le fracas au lieu du verbe
des cris
la lumière plate dans les regards des porteurs de mort
les lanternes glaciales accrochés à leurs chairs
des cris d'humains & de choses
la palpitation monstrueuse d'un dieu
des globes éteints
ailleurs un amour ici un amour qui s'étire
une aube un murmure naissant embrasé d'innocence
un corps effondré qui s'arrache des ombres 

mercredi 11 novembre 2015

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sur la ligne une lumière lourde
les pas sont lourds
le corps est lourd
entre les êtres l'espace s'étrangle – colonne de plomb où des errants creusés tentent encore un envol – là naissent les ombres dans les ombres les ombres des ombres –
eux avancent & fendent ce qui ne se comprend pas
ils dérivent démâtent déroutent ils flairent le présent torve des confins
puis élargissent leur front
dilatent leurs narines
ouvrent leurs lèvres d'or pour acculer le dernier baiser
aux éternités du chant
ils font de l'extrême tourment le cœur d'un bouquet virginal

lundi 9 novembre 2015

101115


vient
l'idée d'interroger la frontière
ou bien que la frontière nous interroge
vient & observe
qu'ici nous sommes que là plus tout à fait, creusés de lampées étrangères
qu'on s'éparpille en bornes qu'on suit-plongeant le talweg
qu'on suit-volant la ligne de crête
& que toujours
pointparpointparpointparpoint
on dit plus bienmal que la réalité qui est grand espace sans nom
peuplé d'étoiles froides & de baisers qui ne comprennent rien
aux entailles du monde brûlent toutes les cartes & rebattent entre lèvres
la souveraineté de chaque certitude

dimanche 8 novembre 2015

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le reflet est notre lumière
dans la nuit étonnée où l'ombre bascule
vers la matière épaisse & chaude
de mers lointaines & inconnues

la traversée se pare du simple
frissons en écho                   o
coque ouverte aux vents
qui n'ont pas de réponses

o               l'île glisse sous les étoiles
embrasse l'étrangeté des trajectoires
sensuelles avec l'amour qui s'accorde
à tout miracle ordinaire

samedi 7 novembre 2015

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la conclusion est évidente –
fiouu coup de vent
elle s'éboule avec ses paquets de sable
de nouveau tout est à creuser pour retrouver le germe vif du temps éteint
sous le sucre éphémère des acacias sous leur neige
l'arabesque boueux des godillots cloutés la chair tendre qui perle son mot pourpre
la course des mèches à jamais entremêlées d'enfance
tout cela derrière ton front blanc&bleu
qui touche à nouveau les nuages

jeudi 5 novembre 2015

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entre le masque & nos visages
les signes se teintent de verts & de bleus
qui gardent pour eux leurs noms
un ruisseau coule où l'on s'abreuvera
quand les voix auront décanté leurs brumailles
& qu'au fond flotteront des corps
rassasiés de lumière

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de courir c'est souple & solide
entre les pas la terre
se fend                                              la possibilité d'une lumière
attendrit le corps
éclaire à sa façon dit sa langue
dire&pencher
dire&tomber
dans la chute permanente & le raccord permanent du ciel
dans les herbes                                  nimbée d'une échappée de mouches
la vague loin des eaux
submerge                                           encore un peut-être
& le dérobement s'apparie au monde


mercredi 4 novembre 2015

41115


le cœur ouvert pour une fois
habité de fourmis égarées laborieuses
au premier rayon se questionne
& tombe sa coquille de sang
accepte l'ignorance du jour déplié en marge
entre deux blocs de chair
le cœur danse en joie d'automne
rousse & humide craque sous le pas
du suivant qui se hâte de neige 

mardi 3 novembre 2015

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dans la bouche du simple le chant désirable
façonne la terre . les héros sont morts .
les savants se vendent . le sable
hurle des falaises . sur la colline courent
de tristes histoires de cœur & pour les pleurer
de petites gorges soufflent les éternités amères .

lundi 2 novembre 2015

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la flèche troue & trouble l'épaisseur morte
une flèche bleue une flèche verte le roi pêcheur
même ici des oiseaux le ciel qui transperce
bec&corps plongent dans le même abîme
l'épaisseur frémit les désirs se dénouent

jours alcyoniens
autour des temps glacés inouïe une trêve
où librement on vogue où l'horizon s'arrache des tempêtes
c'est l’œuf des terres qui offre au monde ce possible
dans sa coquille d'innocence ou d'ignorance – qui sait ?


dimanche 1 novembre 2015

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alors la rivière change
elle chavire grise & immobile
le ciel ne navigue plus sur ses flancs
les images coulent droit jusqu'au fond
rejoignant galets & friture

là se localise un sentiment
d'abandon ou de solitude
d'une froideur apparente qui n'est pas & sans repos
un sentiment sec & assoiffé
malgré le volume des eaux au-dessus des cœurs ou des têtes