jeudi 17 mars 2016

170316


c'est la grande affaire du corps & de sa rupture –
parfois – de la rupture – rien qu'elle puisque le corps
se terre dans un passé fangeux aussi faux que tous
les passés peuvent l'être.
la rupture a un exclusif amour d'elle-même. amour moignon sourd aveugle sans peau.
les oreilles sont à chercher du côté du cœur
qui ne rompt pas, celui-là ne rompt pas –
le cœur est à chercher du côté des yeux –
tes yeux mon ciel le pur le plus profond.
enfant, minuscule chose étrangère, il m'effrayait ce
ciel d'été sans bornes infini ciel énorme lourd où
la seule issue était – je le croyais – de se perdre
d'y laisser ses membres & sa raison. combien de fois
écrasée par le ciel son infinie passion cosmique.
combien de fois morte en lui. combien de fois retenue par le cri.
combien de fois je signais perte en hurlant abandon.
tes yeux mon ciel le pur le plus profond.
comprends ces soubresauts, ces restes de vieille machine.
comprends que patience, le corps revient à lui,
te reconnaît & s'engage sur des terres nouvelles
où la tendresse serre chaque buisson brûlant
contre sa poitrine.


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