(extrait)
...
l'indicible
revient son dos luit son corps souple émerge des flots présents. on
aperçoit de loin ses anneaux qui sitôt vus plongent &
réapparaissent plus près plus invisibles. l'indicible ne désire
rien d'autre que de ne pas être dit être glissant être mou usant
comme les vies de continuelles métamorphoses jusqu'au point où fixe
dans l'autre univers il déploie ses morts, qui ne parlent plus, il
déploie ses bêtes, qui ne parlent pas, il s'étale en fracas &
silence. il jouit de son état confus & de son énorme gueule. se
tord dans son autorité de brume & ne craint que le temps qui au
fond toujours finit par dire quelque chose. qui dit de couleur. qui
dit de chant. qui dit même de mot tout ce qu'il traverse. (rassure
les formes les confirme). tout. jusqu'à l'indicible jusqu'à sa
traîne d'humains grimés en costume de chose. dit répète redit.
temps
bavard temps salvateur —
en son sein multiple il laisse la trace du miracle. naissent alors
les pavots les bleuets les bouteilles à message qu'une main avant
enterra main froide aujourd'hui messages palpitants. naissent les
images volées & la rumeur des chaînes qui dans les siècles
futurs conquerra goulûment le monde.
les
morts ne reviennent pas & c'est le drame. les morts reviennent &
rassemblent ce qui doit être compté embrassé haï. ce qui
s'extrait des enfers & doit être palpé reconnu sous l'éclat
des nouvelles étoiles.
...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire