samedi 21 mai 2016

210516


Il s'agit de poursuivre. On décide cela en parfait état d'impertinence car tout a déjà été dit, écrit, tout a été modelé, le moderne a plongé dans le puits du temps, frais soi-disant, croyant remonter l'étoile, celle-là même qui depuis l'aube se pend à la corde de l'aube.
Dans la création s'accumulent nos strates de savoir & d'ignorance. Sous effet de pression & de chaleur, elles se fondent, plissent puis se déplissent, le vent, l'eau, la violence des éléments humains érodent l'édifice. Jusqu'au point d'évider les mémoires, de sabrer les signes, de faire aveugle acte de foi envers le fine surface, de lisser savamment toute profondeur.
Poursuivre, c'est marcher. Arpenter n'est plus tout à fait juste. Nous marchons sans mesurer, la tête abandonne les guides astraux, nous nous perdons, cher Borges !, enfin, sans mesure, nous nous perdons ! La voilà notre chance.
Prions pour atteindre le nombril, l'ombilic, le centre, l'omphalos de l'égarement, l'endroit où ne restera que le monde, à sa racine noire. Si au sein obscur de ce cœur obscur, on survit, aucune certitude de beauté, ni de laideur, aucune assurance de l'existence de la bâtisse, aucune certitude, aucune aucune.
La terre se meut sous nos pieds & nous nous mouvons sur la terre. Tu sais, parfois, l'espoir. Tu sais, parfois, miraculeuse, la rencontre. Mon cœur s'effondre & se reconstruit.
Poursuivre, jusque là, en suivant les vaisseaux capricieux des passions. 


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